Magazine Stemp St-Etienne

 

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UNE FOIS N’EST PAS COUTUME, JE VAIS VOUS NARRER UN CONTE CROISANT LE PASSÉ, LE PRÉSENT ET LE FUTUR, ENTREMÊLANT LES
DESTINÉES DE DIFFÉRENTES PERSONNES ET PÉRÉGRINANT DANS LE MONDE ENTIER. CAR MÉTAMORPHOSIS N’EST PAS UN LIEU COMME
LES AUTRES ET IL NE PEUT DÉFINITIVEMENT PAS ÊTRE RACONTÉ COMME CERTAINES INSTITUTIONS. C’EST UN ENDROIT QUI SE RÊVE ET
QUI S’ABORDE AVEC TOUTE LA MAGNIFIQUE DIVERSITÉ DE LA NATURE HUMAINE. UNE FEMME ET DEUX HOMMES ONT LES RÔLES
PRINCIPAUX, MÉLANGEANT LEURS DESTINÉES EN UN TOURBILLON COLORÉ, QUI TROUVE SON POINT D’ORGUE EN NOTRE VILLE ET
PRÉLUDE À DE NOUVELLES AVENTURES QUI S’ÉCRIRONT EN LETTRES AMOURACHÉES. CAR C’EST BIEN L’AMOUR AVEC UN GRAND A QUI
EST LE PLUS GRAND MAGICIEN DE CE CONTE, COMME LE DISAIT MOLIÈRE : « L’AMOUR EST UN GRAND MAÎTRE, CE QU’UN NE FUT
JAMAIS, IL NOUS ENSEIGNE À L’ÊTRE» ET LES PROTAGONISTES DE NOTRE HISTOIRE, ONT FAIT DE « LA MALLE DES INDES »
LE PARCOURS DE LEUR VIE.

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IL ÉTAIT UNE fois donc, un enfant qui s’ennuyait dans une enfance trop petite à son goût. Devenir un adulte comme y aspiraient ses petits camarades, n’avait pas la même saveur pour lui. Car rêver et matérialiser le rêve en notre réalité, étaient son désir le plus profond. Un jour un prestidigitateur vint dans son école et la révélation fut faite. De ce jour, un seul désir, un seul objectif habitèrent le petit : devenir magicien. Alors année après année, il construisit son rêve. Voguant de scène en scène (il fit, entre autres, 17 fois l’Olympia), de pays en pays (de l’Amérique en passant par l’Europe et en continuant sur l’Asie), il devint Jan Madd (acronyme de Jean et de Madeleine, les prénoms de ses parents).

Mais l’art de l’illusion a une longue et fascinante histoire et notre héros voulait la faire revivre telle que ses rêves le lui intimaient. Alors, il décida un pari fou : recréer les soirées fantastiques comme celles de Robert-Houdin. C’est ainsi qu’il créa Métamorphosis, sur une péniche au pied de Notre-Dame sur les quais de Seine à Paris en 1990. Pendant 22 ans, ce temple de l’illusion fit les belles nuits parisiennes.

stemp-mini-jan-maddEn ce lieu des sociétaires de la Comédie- Française tels que Jean-Noël Sissia et Guy Tréjan vinrent partager leurs talents ou tout simplement s’émerveiller. Tous les arts étaient à l’honneur et rien n’y était impossible. Ce lieu enchanteur, ne put sortir des eaux sans le doux mélange des magies de ce monde. Et le magicien Jan, trouva en la personne de Chantal son enchanteresse, ce qui lui permit d’exaucer ses vœux.

Car ainsi commence l’autre histoire de ce conte, celui de Chantal Saint-Jean. Cette gente dame au regard doux mais au geste précis montrant toute sa force et détermination; commença sa carrière dans l’événementiel. Dans son agence, elle travaillait pour de grands groupes qui la sollicitaient afin d’innover pour les lancements de leurs produits. Un jour elle rencontra Jan et la magie entra dans sa vie. Quelle lumière baigna alors ces deux êtres? Ils ont la pudeur des gens portant avec eux la romance de leur vie et savent donc garder une ombre délicate sur ce qui les unit. Mais, comme pour le petit Jan, la magie ne la laissa pas indemne et elle quitta tout pour l’aider à bâtir son rêve, faire naître leur Métamorphosis. Alors la jeune femme arpenta, contacta, convainquit, poussa, gronda, supplia, défendit, emporta, gagea, enchanta et usa de toutes ses armes pour que cette folie sorte des eaux (folie dans le sens architectural et pour son sens précurseur de sa situation géographique).

Le pari fut tenu grâce à de doux-dingues qui leur firent confiance (tel le maire de Melun, qu’ils visiteront avec la péniche, après 11 heures de voyage…) ; la chance avec les médias parlant immédiatement d’eux ( Raphaël de Gubernatis du Nouvel Observateur tombera fou d’amour de cet univers et le fera savoir…), le talent de Jan qui offrait à tous le meilleur de son art et le professionnalisme de Chantal qui permit à ce lieu de grandir et perdurer. Pendant des décennies ce rêve remplit leur vie sans jamais perdre à leurs yeux, la beauté d’un pacte que seuls les enfants savent lier sans prudence ni limite. Mais l’intelligence dans la passion est de savoir quand les projecteurs doivent s’éteindre. Ils sentaient que le réceptacle de leurs rêves, commençait à devenir juste l’écho de leur premier émoi; c’est alors qu’entre en scène le troisième protagoniste de cette histoire.

Serge Odin est « l’enfant de ». Ce qui est souvent une prison pour certains, fut un enchantement pour lui. Vivre dans la magie quand on est enfant, vous permet de croire en vos rêves. Avec le temps, le petit Serge trouva sa propre voie et devint médecin, mais jamais il ne put oublier la médecine qu’est pour l’âme l’art de faire vivre pendant un instant, les rêves et la fantasmagorie pour tout un chacun. C’est pour lui plus qu’un souvenir, c’est une fierté. Les magiciens du monde entier venaient acquérir de quoi émerveiller le public de toute la planète, chez son père ; autre fierté stéphanoise que trop peu de gens connaissent, car la manufacture Fernand Odin était plus que renommée. Jan Madd appréciait le père, mais aussi le fils et pendant toutes ces années, ils gardèrent des contacts parfois distants parfois proches, variant au gré des tournées du magicien. Quand Jan et Chantal exprimèrent leur envie de se lancer dans une nouvelle aventure, tout naturellement Serge leur proposa de venir s’installer à Saint-Étienne. Ils vinrent, ils repartirent, ils revinrent, ils visitèrent, ils voyagèrent et finalement décidèrent de créer tous les trois ce lieu si à part dans notre ville…

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Commence alors un nouveau conte qui ouvre les champs du possible et que déjà beaucoup découvrent et font découvrir. Car Métamorphosis à Saint-Étienne, c’est quoi? Et bien en reprenant une partie de ce nom, on peut définir ce lieu comme métamorphe, qui a la faculté de changer d’apparence, de structure, de raison d’être. Métamorphosis est un théâtre-salon, qui glorifie le passé, vous fait vivre dans le présent la magie d’un spectacle d’une heure toujours renouvelé et permet pour le futur de se former, d’apprendre et de découvrir.

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Métamorphosis est un musée de la magie, avec plus de 150 affiches anciennes, pas moins d’une centaine de costumes de scène, sans compter une myriade d’objets de prestidigitation, mais aussi de théâtre. Métamorphosis ce sont des spectacles auxquels vous assistez dans un cadre vous faisant replonger dans l’esprit des fantaisies de Robert-Houdin ; voir même des salons spirits victoriens, si imbriqués dans le musée que vous vous surprendrez à imaginer Allan Kardec venir vous faire une séance. Métamorphosis c’est un lieu qui vous rend acteur de ce moment, car en plus de Jan, Chantal et Serge; il y a aussi Francky le régisseur et Francis dit Tintin, homme aux multiples talents et au parcours homérique; ils font en sorte que vous deveniez l’héroïne ou le héros de cette aventure. En même temps, le lieu est pensé pour que les groupes s’y retrouvent et se mélangent pour le bonheur de tous. Métamorphosis est un lieu où des master class se déroulent, des conférences s’organisent et des espaces peuvent être mis à votre disposition. Métamorphosis permet aux enfants de découvrir que le virtuel n’a pas besoin d’écrans tactiles et aux adultes que vivre l’enchantement n’est pas une faiblesse mais un devoir d’animal rêvant.

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En ce lieu où nous sommes accueillis dès l’entrée par le portrait en photographie du père de Serge Odin, j’ai oublié pendant un doux moment les vicissitudes de la vie et la dureté de notre monde. La richesse du musée est telle que chacun d’entre nous trouve
obligatoirement un objet, une photo, un son qui fera apparaitre sur ses lèvres ce sourire que nous gardons protégé au fond de nous, gage de l’émerveillement que nous ne devons jamais perdre. Pour ma part ce fut la dédicace que Sacha Guitry laissa sur un document à Jean Weber. Alors me souvenant du titre de sa première pièce qu’il écrivit à seulement 31 ans, je décidai d’intituler ce dossier « Faisons un rêve »; en franchissant le seuil de ce lieu si particulier, je suis certain qu’il sera magnifique.

Par Gilles Rossary Lenglet – Stemp St-Etienne N° 43 de Fev 2016

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